Ferme d’élevage de Vernand (42)
La ferme d’élevage de Vernand est une exploitation élevant 45 vaches et 85 brebis pour la production de viande. Elle valorise ces productions en vente directe depuis 1989 et est en agriculture biologique depuis 1992. L’exploitation se répartit actuellement sur 4 sites différents représentant une surface totale d’un peu plus de 110 hectares. Le site principal où se trouve l’essentiel des bâtiments (habitations, bâtiments d’élevage et de stockage, transformation et de la viande et vente directe) se trouve à Vernand et compte 56 hectares. Un autre site d’une trentaine d’hectares est loué à 4 km, composé de pâturages à vaches et prés à foin. Des pâturages se trouvent dans le Rhône, sur la commune d’Eveux à 40 km, en site périurbain à 20 km de Lyon. Une partie des génisses et moutons y est mise en période estivale. Enfin, un site d’estive pour génisses de 13 ha se trouve dans les Monts du Forez, espace d’altitude (1200 m).
La démarche de projet a été de saisir, de révéler et d’optimiser d’abord un projet d’espace agricole, en comprenant ses dynamiques et ces processus de constructions. L’analyse du système spatial agricole a ainsi conduit à modifier le corps bâti, à réutiliser et à transformer les bâtiments délaissés au fur et à mesure des évolutions agricoles (anciennes étables entravées, anciennes granges, appentis inutilisés). Le but a été de mettre en lien les bâtiments d’élevage et de stockage avec les espaces extérieurs avec lesquels ils fonctionnent. Le système actuel de plein air pour les bovins (les vaches restent dans les pâturages toute l’année) a supposé également d’éclater les bâtiments de stockage de foin, en le stockant là où il est produit l’été et donné l’hiver aux troupeaux au lieu de le ramener sur le site central, créant ainsi des sortes de «fabriques agricoles».
De même, les espaces extérieurs ont été redessinés. Les cultures, jusque là constituées de deux grandes parcelles de cinq hectares alternant tous les trois ans (3 ans en triticales et seigle et 3 ans en prairies temporaires permettant de réazoter naturellement le sol) ont été découpées en neuf fines bandes parallèles aux courbes de niveaux pour permettre de limiter l’érosion tout en maintenant un espace ouvert. Des arbres isolés ont été plantés sur les limites des bandes, perchoirs à oiseaux contre les nuisibles, aucune haie n’a été à l’inverse installée pour conserver ce rapport aux horizons et jouer sur l’ouverture vivante de cet espace. Des chemins d’exploitation provisoires sont mis en place, permettant au printemps de rejoindre la vallée ou sont mise les vaches alors que les versants les plus hauts servent à la production de fourrages. Ils deviennent temporairement de nouvelles traversées dans la campagne, connectés aux chemins de randonnée.
Les prés de fonds de vallées ont été divisés en parcs plus nombreux, permettant une rotation des pâturages et une meilleure gestion de cet espace. Les bois sont mis à pâturer partiellement en créant des pré-bois et des clairières. Des limites de prés sont redéfinies par la mise en place de bassins sur les talwegs permettant des passages secs pour les bovins.
L’ensemble du projet se veut ainsi d’optimiser un espace agricole tout en affirmant des images nouvelles et contemporaines d’architectures et de paysages agricoles. Il se base sur une logique d’économie en valorisant des éléments souvent issus de la récupération propres aux logiques agricoles (baignoires, pneus, planches de bardages, tuyaux béton, etc.). La volonté est dans ce sens de construire et mettre en valeur un espace agricole contemporain, conçu à partir de ses logiques productives. Elle est à partir de là que cet espace puisse être support d’appropriations extérieurs et notamment urbaines dans une campagne de plus en plus partagée. Ainsi l’espace de stockage de foin, vide au printemps, devient à cette période un espace de spectacles avant de se remplir à nouveau au début de l’été de bottes de foin. Les chemins sont traversables à certains moments de l’année, les prés peuvent être ouverts lorsqu’ils sont vides. Sur le site en périurbain, à près de 40 kilomètres, la présence de terrains constructibles à amené à imaginer une construction hybride entre pâturages et habitations. Les logements sont regroupés en blocs autour d’un pâturage central. Les moutons y sont amenés pendant la période estivale et entretiennent cet espace. L’hiver lorsqu’ils ne sont plus là, le pâturage devient un espace collectif. Enfin, l’exploitation essaye de développer des mises en place d’estives urbaines, en emmenant des moutons l’été en ville, à Lyon, dans des espaces privés. Le but est ainsi de valoriser des espaces inutilisés en ville, et de permettre d’associer les processus agricoles aux constructions urbaines, en imaginant les moyens d’un urbanisme agricole.
Maîtrise d’ouvrage
EARL de Vernand
Maîtrise d’oeuvre
FABRIQUES
Mission
BASE + EXE
Date
En cours
Publications
Octobre 2012, Géoagronomie, paysage et projets de territoire, sur les traces de Jean-Pierre Deffontaines, édition Quae
Septembre 2012, D’Architectures n°211
Juin 2012, L’année du paysage en France, FFP
Mai 2012, Dessine-moi un paysage bio, Bergerie Nationale (film)
Avril 2012, Archiscopie n°112
2011, Paysages transformés, FFP (exposition)
Mars 2011, Les cahiers de l’Ecole de Blois n°9
Février 2011, Archiscopie n°101
Juin 2010, Les Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes
2010, Espace rural et projet spatial, publications de l’Université de Saint-Etienne
Mars 2007, Les cahiers de l’Ecole de Blois n°5